DBS System révolutionne et simplifie les prises de sang

DBS System révolutionne et simplifie les prises de sang

Bientôt, il ne sera plus nécessaire de se rendre chez son médecin ou dans un centre de prélèvement pour effectuer une prise de sang, ni de subir une piqûre dans le bras, souvent effrayante pour les enfants. Il sera possible de le faire chez soi en se piquant le bout du doigt à l’aide d’une lancette. Grâce à la technologie développée par DBS System, il est désormais possible de recueillir une quantité minime mais très précise de sang sur un support absorbant puis de l’envoyer par la poste au laboratoire chargé de l’analyser. Ce qui ressemble à un petit porte-cartes de visite a été développé par le Dr Julien Déglon et le Dr Aurélien Thomas, tous deux cofondateurs de la société DBS System lancée en décembre 2010 qui compte aussi Julien Dumont, cofondateur en charge de la gestion et Eric Ödman pour l’exécutif. Au-delà du confort pour le patient, cette carte microfluidique simplifie toute la chaîne logistique des échantillons de sang (transport, stockage, etc.) tout en garantissant au praticien d’obtenir des résultats fiables. Ces chercheurs ont déjà un autre projet en tête, une seconde génération de carte permettant non seulement un contrôle du volume de sang récolté mais aussi d’en extraire le plasma de manière simple et automatisée, sans avoir recours à du matériel de laboratoire.

Comment vous est venue cette idée ?

Le papier buvard est un support utilisé depuis les années 60 notamment pour le dépistage néonatal. Grâce à l’amélioration constante des instruments d’analyse, il est maintenant possible d’effectuer en routine des analyses de sang sur de très faibles volumes, de l’ordre de quelques microlitres. On avait d’abord élaboré un automate capable d’intégrer le papier filtre dans un spectromètre de masse, on y a travaillé mais sans le commercialiser et comme nous ne l’avions pas protégé, cela a été fait par d’autres. C’est alors que nous avons eu l’idée d’améliorer l’étape du prélèvement de sang en intégrant de la technologie au papier filtre. De cette idée est née l’entreprise DBS System.

Comment cela fonctionne-t-il exactement ?

Nous avons mis au point une plaque fluidique constituée de micro canaux paramétrés pour en contrôler le volume, ici 5 microlitres. Il suffit de se piquer le bout du doigt puis de l’approcher et, par capillarité, la quantité de sang requise va pénétrer rapidement dans ces canaux. Une fois les micro canaux remplis, il suffit de basculer le couvercle qui les supporte, et le papier filtre va alors entrer en contact avec la sortie de ces canaux et en absorber le sang de manière sécurisée. Si le micro canal n’est pas convenablement rempli, le sang ne sera pas transféré sur le papier filtre ce qui permet de standardiser la procédure. Et c’est l’un des avantages de notre système.

En pratiquant soi-même n’y a-t-il pas un risque de contamination ?

Non, car on préconise au préalable de se laver les mains simplement avec du savon, tout comme on désinfecte un bras avant une piqûre. De plus, les instruments qui vont analyser l’échantillon sont suffisamment sélectifs pour éviter d’analyser d’éventuelles interférences.

Vos échantillons de sang se conservent-ils mieux que ceux prélevés de façon traditionnelle ?

Oui car le sang est séché et plus transporté sous forme liquide qui nécessite de maintenir une chaîne du froid. De plus, des études ont démontré que ces échantillons stockés à l’air ambiant étaient encore analysables un an après.

Quand votre carte sera-t-elle disponible et combien coûtera-t-elle ?

Son prototype est prêt, il fonctionne, il a été validé dans un laboratoire hospitalier et une étude est en cours au sein d’une société pharmaceutique. Il nous faut encore franchir l’étape de certification Marquage CE en déposant un dossier d’enregistrement. On espère le lancer fin 2014. On pourra alors l’acquérir notamment en pharmacie pour 10 francs environ.

Qui s’y intéresse déjà ?

Les hôpitaux et les industries pharmaceutiques qui recherchent des techniques de prises de sang simplifiées, moins dommageables, comme par exemple en pédiatrie, où des prélèvements de sang doivent être effectués sur des enfants ou des nouveaux-nés. Mais aussi pour des analyses sur les petits animaux de laboratoire réduisant significativement le nombre de sacrifices.

Vous avez déjà bénéficié de quelques aides, dont celle récente d’Innovaud, touchez-nous en un mot.

Nous avons été soutenus par la CTI, la FIT, le SPECo, le réseau Platinn aussi. Et enfin Innovaud qui nous permet des mises en relation de qualité et grâce à laquelle on a pu constituer un réseau.

Propos recueillis par Jacques Musy

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